Comment devenir ramasseur ou ramasseuse de balles en tennis ?

Comment devenir ramasseur ou ramasseuse de balles en tennis ?

À la rencontre des mains invisibles, mais indispensables, des tournois de tennis. Découvrez l’importance du rôle des ramasseur·ses de balles ainsi que les compétences requises pour le devenir !

Je ne suis pas spécialement friande de tennis. Mais parfois, suivre un tournoi, me détend. Ça m’hypnotise. Je suis autant absorbée par les aller-retour incroyables de la balle que par une toux dans le public, les tics de préparation des joueurs·ses, l’arbitre qui se gratte le nez ou encore l’explosivité d’un·e ramasseur·se de balles qui démarre au quart de tour pour faire disparaître le plus rapidement possible cette balle jaune.

Et c’est là que tout un tas de questions m'envahit. Qui est cette personne ? Comment en est-elle arrivée là ? Quel âge a-t-elle ? Peut-on se faire un claquage à sprinter comme ça ? Comment s'organisent ces personnes à la fois si présentes et si invisibles pour ne pas se marcher dessus ? Je me suis dit que ça méritait d’être creusé. Alors, j’ai mené l’enquête, celle qui me permettra de me concentrer pleinement sur les performances des tennismen et tenniswomen la prochaine fois, enfin, j’espère.

Le Tennis club lillois m’ouvre alors ses portes.

C’est quoi être ramasseur·se de balles ?

Être ramasseur·se de balles en tennis, c’est d’abord respecter des règles

Aurélien Destombes, manager général du “tennis club lillois”, m’accueille avec un thé fruits rouges au club house. Nous attendons l’arrivée des secondes du lycée Gambetta de Tourcoing, dans le Nord de la France. Aucun.e de ces élèves ne pratique le tennis et pourtant, ce sont  bien elleux qui assureront le ramassage des balles toute la semaine lors du grand tournoi international annuel de la métropole lilloise. Chouette, des débutants, je vais pouvoir comprendre. À l’initiative de ce projet ? Mr Vanneste, prof d’EPS.

Lors de notre rencontre, c’est la 3ème fois que la classe de seconde vient s’entraîner. Fondue dans la masse, ou presque, je m’installe parmi les élèves dans les gradins pour écouter les consignes de Julien, entraîneur des ramasseur.ses de balles et de Mr Vanneste.

Je rappelle les règles importantes à avoir en tête”, clame Julien : “

➡️Pas de balles ramassées pendant le point
➡️Pas de balles qui circulent entre les deux services
➡️Être rapide lors du ramassage des balles"

Mr Vanneste, complète : “On n’oublie pas que la discrétion et le respect font partie des règles d’or !

La discrétion, c’est toute la difficulté selon moi : être extrêmement attentif·ve et réactif·ve pour permettre la continuité du match, mais suffisamment discret·e pour se faire  oublié·e… Tout un art : J’ai une balle, je la montre, bras levé, je n’en ai pas, je présente distinctement mes deux mains vers le bas, paumes de mains vers le ciel.

Sur le terrain, aucune communication verbale n’est tolérée par l’arbitre. Ni avec le·a joueur·se, ni avec l’arbitre, ni entre ramasseur·ses, seuls les messages visuels sont possibles.

Comment devenir ramasseur ou ramasseuse de balles en tennis ?

Le rôle des ramasseur·ses de balles de tennis

C’est comme jouer un rôle au théâtre” me raconte M. Vanneste. Moi, j’y ai aussi vu une chorégraphie, notamment lors du protocole d’entrée et de sortie. Les équipes de ramasseur·ses permutent. Tous et toutes en file indienne, ils et elles font le tour du terrain et chacun.e prend son poste à chaque coin. Deux sont au filet, un genou au sol (avec une petite mousse quand même) et 4 en fond de terrain, debouts, les mains dans le dos. Ils et elles enchaînent des gestes précis et des échanges de balles entre les joueur·ses et les ramasseur·ses tel un numéro de jonglerie. Souvent, deux équipes de 6 s’échangent les rôles toutes les 30 ou 45 minutes.

Concrètement, leur rôle est de permettre la continuité du jeu” m’explique Julien. “6 balles circulent sur le terrain, Ils et elles ont 20 secondes pour faire tourner la balle d’un point à un autre. Ils et elles doivent toujours veiller à ce qu’il y ait le bon nombre de balles du bon côté. On change de balles tous les 7 jeux.”

C’est vrai qu’au début, on pourrait se dire “j’veux pas ramasser, on n’est pas des chiens" mais en réalité, ce rôle est primordial. Il n’y a pas de tournoi possible sans les ramasseur·ses. Mr Vanneste, prof d’EPS

Des qualités physiques et mentales

Je suis allée demander au prof d’EPS comment réagissent ses élèves fassent à ces consignes qui doivent paraître si strictes, à moi qui, comme ces jeunes, ne suis pas du milieu : “On pourrait croire que le cadre est difficile à respecter pour un·e ado, mais en réalité, c’est un jeu de personnage, une fois l’arbitre et les joueur·ses présent·es sur le terrain, ils et elles font preuve d’une grande attention et concentration."

Ce qui me semble le plus difficile, quand on ne vient pas du monde du tennis, c'est d’apprendre les règles de comptage des points. Si on perd le fil, on ne sait plus qui a servi, et donc, de quel côté les balles doivent être... Kelya, apprentie ramasseuse, ne connaissait pas du tout les règles du tennis avant ce stage, mais elle m’assure qu’elle les a assez vite intégrées. Le plus difficile selon elle, ce n’est pas l’aspect physique, c’est la concentration. Le mieux pour rester focus, selon les coachs, c’est de compter les points, vivre le match à fond. Et si l’attention se réduit et les erreurs s’accumulent, l’arbitre peut le spécifier au micro. Que Kelya se rassure, comme au théâtre, elle aura droit à des souffleurs vigilants en cas d’oubli…

Comment devenir ramasseur ou ramasseuse de balles en tennis ?

Une tenue pour chaque tournoi

Et m’sieur ? On pourra la garder la tenue après le tournoi ? Vous les avez vues ? Les shorts ne sont pas trop courts ? On pourra les customiser après ?” se questionnent Kelya et ses camarades. Mr. Vanneste leur répond et m'indique que les tenues sont mixtes : polo, short et casquette si c’est en extérieur. Chaque année, les couleurs peuvent changer. Objectif : des ramasseurs et ramasseuses de balles reconnaissables avec une tenue adaptée et confortable.

Comment se déroule un entraînement pour apprendre à ramasser les balles ?

Je retrouve Kelya et ses camarades en mode “méga concentration”, plutôt attentif·ves, très discipliné.es malgré quelques maladresses involontaires.
D’après ce que j’observe, c’est assez simple : deux joueurs·ses de tennis s’affrontent en match amical. C’est comme une répétition des mouvements. C’est aussi un entraînement pour compter les points, pour ne pas se faire avoir sur le nombre de services ou le changement de côté des joueurs. Julien, leur souffle de temps en temps les mouvements à faire pour que chaque ramasseur·se enregistre la mécanique du jeu et ses subtilités. 

Comment devenir ramasseur ou ramasseuse de balles en tennis ?

Quel parcours pour devenir ramasseur·se de balle sur un tournoi ?

Pour la plupart des tournois, bien souvent, ce sont les élèves des clubs qui jouent ce rôle, ils et elles connaissent parfaitement les règles, et assurent cette fonction avec beaucoup de naturel. Et quand l’ambition grandit et se rapproche des courts de tennis de Roland Garros, le parcours est beaucoup plus strict. Il existe des entraînements spécifiques ainsi que des sélections. Au programme : des tests de vitesse, d’endurance, de temps de réaction, de vélocité. Les sélectionneurs·ses vont chercher la crème de la crème pour favoriser la continuité du jeu.

Devenir ramasseur·se de balles sur des grands tournois

Quand le rêve, c'est Roland Garros...

Le parcours de sélection

Les sélections ont lieu d'octobre à décembre (en fonction des régions) dans les 4 coins de la France, des sélectionneurs.es, salarié·es du tournoi de Roland Garros, sillonnent la France à la recherche des meilleur.es ramasseur.ses.
Pour prétendre au poste, il faut être licencié.e dans un club de tennis et avoir entre 12 et 16 ans. Pas de niveau de tennis requis. Et une fois inscrit.es, il est elles reçoivent leur convocation pour la première sélection.

Ça fait 10 ans que Titouan côtoie les terrains de tennis. Ce garçon de 14 ans est un pratiquant et passionné de tennis. Son rêve ? Pouvoir suivre le tournoi de Roland Garros de près, très près même, pour aller à la rencontre des plus grands joueurs et joueuses de tennis mondiaux.
Titouan a donc participé à cette grande sélection. Il nous livre quelques souvenirs :

Son premier rendez-vous : une rencontre régionale de 2h. 150 candidat.es sont présent·es, il n’en restera que 7 à l’issue de cette première sélection. Autant dire que Titouan n’a pas trop le droit à l’erreur. Il m’évoque,  dans les grandes lignes, le style d’atelier auquel il a dû faire face :
- La précision du roulé : faire rouler la balle entre 2 plots (le favori de Titouan)
- La précision du lancé, mettre le plus de balles dans un seau (5 mètres) en 1 minute
- L’esprit d’équipe, la stratégie et la vitesse : une épreuve de logique en relais par équipe
- Course sprint en relais

On pourrait être surpris de parler d’esprit d’équipe dans ce genre de poste, mais il s’avère que cette qualité reste très importante. Pour exécuter le balai des balles durant un match, l’équipe de 6 ramasseurs·ses doit s’écouter, savoir communiquer et s’harmoniser.

Pour cette première épreuve très restrictive, les résultats sont envoyés par courrier avec une invitation à participer à la deuxième sélection. Titouan fait partie des élu·es.

Pour ce second rendez-vous, il s’agit d’une rencontre d’une cinquantaine de participant.es. Titouan se souvient de quelques jours assez intenses pendant lesquels on perd un peu la notion du temps. Le matin, commence par 30 minutes de  course à pied suivies de situations de match et autres exercices. Le soir, c’est théorie, pour revenir sur les règles du tennis et ces spécificités.

Durant ces quelques jours, les faits et gestes sont scrutés par des examinateur·ices, rien n’est laissé au hasard, tout est noté.

C’est lors du dernier jour, que tous et toutes réuni·es dans un amphithéâtre découvrent sélection finale Sur cinquante, trente candidat·es participeront aux 3 semaines du tournoi de Roland Garros. Titouan entend son prénom en milieu de liste… Son rêve prend alors une autre dimension et va durer 3 semaines.

Témoignage

Titouan a vécu le rêve de nombreux et nombreuses jeunes joueur·ses de tennis

Les épreuves de sélections passées haut la main, Titouan, ce jeune tennisman du Nord de la France part pendant 3 semaines en dehors de son cocon familial pour découvrir le rythme d’un tournoi de cette taille.


Un rythme soutenu
On connaît nos affectations le soir pour le lendemain, en fonction du déroulé du tournoi, de la météo et du classement de chaque ramasseur·se de balles, car chaque match est noté. Nos résultats sont importants car si on a la meilleure note de l’ensemble des ramasseurs, on peut participer à la demi-finale. Les personnes qui font la demi, font la finale. Ça mets un peu la pression. Moi, j’ai commencé sur le cours 8, c’était impressionnant, même s’il n’y avait pas beaucoup de monde au début. Ça tape fort ! On est presque en contact avec les joueur·ses, c’est stressant. Je me sentais plutôt bon au début, au taquet, mais au fur et à mesure, j’ai commencé à faire plusieurs erreurs avec la fatigue. Je n'ai pas pu faire les demi-finales. Mon match marquant ? Celui d’Hugo Gaston contre Alex de Minaur, un joueur australien. J’étais sur le court Suzanne Lenglen, une ambiance de malade, c’est souvent comme ça quand c’est un Français qui joue, un match avec plein de rebondissements en 5 sets, c’était incroyable.

Des difficultés physiques étonnantes…
Les risques, c’était de me faire mal et qu’on ne me renvoie pas sur le terrain, alors je m’échauffais toujours. Le premier jour, j’ai eu des courbatures, et les jours suivants… aussi ! Cuisses, mollets, pieds, surtout quand j’étais au filet.”

Le rêve réalisé
Je suis content de l’avoir fait, mais pas forcément motivé pour le refaire. C’était intense et très difficile physiquement. Ce qui reste après ça ? Une belle amitié, car j’ai eu la chance d’être en coloc’ chez un parisien. Ça s’est bien passé, on s’est bien entendus, on a gardé contact. Pendant le tournoi, il y avait un super esprit d’équipe avec tout le groupe de ramasseurs.
Je pense aussi que j’ai gagné en maturité, en terme d’état d’esprit et d’esprit d’équipe. J’ai découvert le sens des responsabilités, c’était comme un travail. Maintenant, je transmets ce que j’ai appris aux plus jeunes de mon club.


💡Les conseils de Titouan pour les futur·es candidat·s : "se donner à fond pour les sélections et s’entraîner sur d’autres tournois".

Pour en savoir plus : https://weareballos.rolandgarros.com/

Comment devenir ramasseur ou ramasseuse de balles en tennis ?

J’espère que, vous aussi, vous regarderez désormais différemment les tournois de tennis. Et puis… pourquoi ne pas tenter l’aventure ?? (si vous avez entre 14 et 16 ans !)

Je remercie les élèves du lycée Gambetta et leur professeur Mr. Vanneste ainsi que le Tennis club lillois Lille Métropole et Titouan pour leur partage et leur confiance.

Comment devenir ramasseur ou ramasseuse de balles en tennis ?

Céciliane

Rédactrice conseils

Adeptes des activités artistiques, toujours partante pour suivre de gros événements sportifs !

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